Voici encore une prise au monde singulière, celle de Pierre CHRISTOPHE. Dans sa peinture, les couleurs tourbillonnent et se mêlent, sans préférence surtout pour l'une d'elles, composant des lieux déchirés au centre desquels le regard, naturellement, se pose.
Déjà vu ou jamais vu ? Ici il y a lieu et non espace, et pourtant la peinture de Pierre Christophe investit totalement le plan et pourrait risquer d'en déborder... mais le phénomène apparaît et non le paysage. Comment ? "Je crains que le tableau s'évapore par les côtés, alors je le centre. Parfois le centre prend le dessus, alors je corrige à l'oeil." Cela paraît si simple... Ainsi, le lieu des tableaux de Pierre Christophe accueille l'oeil, les couleurs sont ici au service de la manifestation, la couleur devient phénomène sur le plan et y structure un centre, non géométrique, qui invite le regard sans le forcer, surtout sans le forcer, mais l'accueille au centre du phénomène peint comme au centre du cyclone (l'oeil).
L'éclaircie point derrière, au sein même de la tempête picturale. Ces manifestations colorées nous disent la relation de Pierre Christophe au monde : sans risque, pas de vie.
"Il n'y a pas d'espoir sans crainte ni de crainte sans espoir" Spinoza - Ethique
Y a-t-il du risque aujourd'hui à effectuer une peinture déchirée, sans autre qualité que le phénomène qu'elle manifeste ? Où est le risque sinon dans l'affirmation ? Pierre Christophe ne peint pas pour faire une révolution, ni pour plaire, mais pour affirmer la force de la structure au plan, dans un constant souci d'émancipation.